Réglementation Environnementale RE 2020 : quels changements pour la construction de votre maison ?

 

Dès janvier 2022, entrera en vigueur la nouvelle Réglementation Environnementale qu’on appelle RE 2020 -ou Règlementation Thermique (RT2020)-, se concentrant sur de nouvelles normes environnementales pour consommer moins d’énergie l’hiver et émettre moins de dioxyde de carbone, ainsi qu’assurer un meilleur confort pour l’été.

La RE2020, genèse

 

Une évolution logique

La RE 2020 est une réglementation ambitieuse concernant les avancées écologiques de notre pays. La première réglementation thermique a vu le jour en 1974, à la suite du choc pétrolier, avec pour objectif de fixer des limites de consommation énergétique pour les bâtiments résidentiels neufs. Cette politique s’est depuis confirmée puis accélérée au rythme d’environ une nouvelle réglementation par décennie, jusqu’à mener à la Réglementation Thermique 2012 (RT2012) aujourd’hui toujours en vigueur, et ce jusqu’au 1er janvier 2022. L’objectif est constamment de baisser les consommations énergétiques, une ambition qui prend une place toujours plus importante à mesure que les conséquences deviennent de plus en plus irréversibles. Depuis l’Accord de Paris en 2015, la France s’inscrit dans un programme clair de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre : cet effort doit être national et concerne à très forte raison le secteur du bâtiment.

 

Le BTP, premier concerné

En se positionnant derrière celui des transports, le secteur du bâtiment représente en effet à lui seul 25% des émissions de dioxyde de carbone nationales. Cette statistique résulte d’une façon de faire plus que d’une inévitabilité : c’est notre façon de les construire et leur façon de consommer qui font des bâtiments des foyers de pollution. C’est sur ce constat que se base une volonté d’actualiser nos normes environnementales dans ce secteur : la phase de construction d’un bâtiment neuf représente 60 à 90% de son impact carbone total. Il devient donc nécessaire d’envisager la construction d’une maison ou d’un bâtiment à travers deux notions : celle des cycles de vie, et celle de l’éco-construction.

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Les bases de la réglementation

 

S’adapter aux futures conditions de vie

La première de ces notions, les cycles de vie, est une des bases de la RE 2020 ; on doit désormais tenir pour acquis que, de sa construction à son exploitation, chaque phase de la vie du bâtiment soit la moins polluante possible. Cela implique également de penser dès le départ à la réhabilitation ou la rénovation du bâtiment lorsqu’il sera en fin de vie. L’idée est que l’empreinte carbone du cycle de vie du bâtiment soit la plus minime possible, et ce depuis l’extraction des matériaux. C’est un objectif auquel les résidents et ménages doivent participer, ils ont un rôle non négligeable. La phase de vie d’exploitation d’un bâtiment résidentiel est ainsi essentielle, les habitants doivent s’assurer de rester dans les normes écologiques, et si ce n’est pas le cas, penser à une rénovation énergétique.

 

L’écoconstruction

Concernant l’éco-construction, cette notion se base sur le constat positif que le quart du parc de logements français de 2050 reste à construire. On construit donc actuellement le toit de demain, et ces futures constructions doivent être à la fois durables et confortables pour ses prochains habitants. Il s’agit ici d’imaginer que les conditions de vie seront sensiblement différentes que les nôtres, nous nous devons ainsi de préparer ces habitats aux étés caniculaires qui seront amenés à se multiplier à cause des dérèglements climatiques. Ces enjeux ne sont pas tout à fait nouveaux et l’Etat organisait déjà des expériences depuis 2017 pour préparer la RE 2020. Le label Énergie Positive et Réduction Carbone (label E+/C-) a ainsi été lancé en 2017 afin de préparer la future réglementation : le but était de préparer les professionnels, les confronter aux nouveaux enjeux, se faire une idée des coûts de construction et de la capacité des professionnels à satisfaire ces objectifs.

 

Les BEPOS

La faisabilité technique et économique a donc été prouvée et cela à permis d’inclure les bâtiments à énergie positive comme une nouvelle norme de la RT 2020, qui entrera donc rapidement en vigueur. Ces bâtiments à énergie positive sont conçus de telle manière à restreindre au maximum la consommation énergétique. Un tel bâtiment doit être équipé de dispositifs de production d’énergie renouvelable de manière à produire sur un an davantage d’énergie d’origine renouvelable qu’il ne consomme d’énergie primaire non renouvelable. Ces bâtiments à énergie positive, qu’on appelle BEPOS, reposent sur un bilan BEPOS, qui prend en compte toutes les dépenses énergétiques du bâtiment, ainsi que sur l’EGES, l’évaluation des émissions de gaz à effet de serre du bâtiment. L’expérimentation sur la faisabilité de construction globalisée de ces bâtiments touche à sa fin et semble parfaitement concluante : elle a permis de caractériser un nouveau genre de bâtiment à la fois sobre en énergie et en carbone.

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Une nouvelle façon de construire

 

Les ambitions de la RE2020

Selon le gouvernement, les acteurs de la construction ont pu travailler sur un indicateur carbone en cycle de vie, ce qui a permis de calibrer la réglementation environnementale : la RE2020 est désormais prête pour entrer en vigueur au 1er janvier 2022. Ce nouveau type de bâtiment implique de grands changements sur notre manière de construire comme nous le verrons après, mais concentrons-nous d’abord sur les principes de base des réductions énergétiques de ces bâtiments. La confiance en ces nouvelles normes est grande et nous verrons si elles participeront pourquoi pas à remplir cet objectif de neutralité carbone nationale que s’est imposé la France d’ici 2050.

 

La RE2020, contenu

Le premier levier, dans la droite lignée des réglementations précédentes, est le renforcement de l’isolation, et ce quel que soit le type de chauffage. L’isolation thermique performante devra ensuite être couplée au recours à la chaleur renouvelable comme les pompes à chaleur biomasse ou les réseaux de chaleur, signant du même coup la fin des chauffages à énergie fossile et de certains chauffages électriques. D’un autre côté, une des nouvelles mesures est le recours généralisé de matériaux bisosourcés lors de la construction des bâtiments, puisqu’ils permettent un meilleur stockage du carbone. Les objectifs sont ambitieux : réduire les émissions de dioxyde de carbone de 30% dans la phase de construction et dans la consommation, sortir du recours aux énergies fossiles dès 2025 et systématiser le recours à la chaleur renouvelable. Bien que ces virages abruptes en matière de construction s’échelonneront sur plusieurs années, avec des renforcements des exigences en 2025, 2028 puis 2031, ils n’en restent pas moins porteurs de conséquences pour les professionnels comme les particuliers qui déposeront leur permis de construire à partir du 1er janvier 2022. Étudions donc quelles peuvent être les externalités de ces changements à venir.

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Les conséquences de la RE2020

 

Une évolution sur le temps

De manière générale, rendre la réglementation de la construction plus exigeante peut induire des surcoûts pour le secteur du bâtiment, répercutés le long de la chaîne, jusqu’au prix du logement lui-même. À titre de comparaison, les surcoûts anticipés lors de l’élaboration de la RT2012 étaient de 10% à 15% des coûts de construction, bien qu’ils fussent rapidement absorbés. La stratégie gouvernementale est donc de répartir les mesures fortes de la RE2020 sur le temps afin de distiller les surcoûts immédiats. Ainsi, lors de l’entrée en vigueur de la réglementation en janvier prochain, les surcoûts seront de l’ordre de 3 à 4 % des coûts de construction, avec des variations selon les typologies constructives. Ainsi on attend une augmentation des coûts de construction de 3,4% pour les logements individuels, de 4,2% pour les logements collectifs, et de 2,7% pour les logements tertiaires. La hausse des coûts de construction aura bien évidemment une répercussion immédiate sur le prix de vente pour les acheteurs. La comparaison par rapport à la RE2012 et sa mise en application est donc à l’avantage de la RE2020. Les surcoûts anticipés sur la base des exigences de l’horizon 2031 quant à eux ne dépasseront pas 10 % du coût de construction actuel, que ce soit pour des maisons individuelles ou des logements collectifs, sur la base d’une estimation gouvernementale. De plus les phénomènes d’apprentissage pourront limiter ces effets d’ici 2031. Enfin, ces surcoûts sont à mettre en regard des externalités positives créées par la réglementation. Ces dernières sont déjà éminemment environnementales bien sûr, mais permettront également des créations d’emploi à l’échelle locale, de mettre un terme aux passoires thermiques, et de baisser les consommations d’énergie et les factures qui viennent avec.

 

De nouvelles normes, de nouveaux indicateurs

Les externalités ne sont toutefois pas toutes positives, du moins pas sur le court terme et concernant les professionnels comme les particuliers. Ainsi, une première salve de décrets et d’arrêtés sont attendus pendant cet été et fixeront les exigences et la méthode pour la construction de maisons individuelles et de logements collectifs. Ces indications seront autant d’informations quant aux produits de construction et de décoration, les équipements électriques, électroniques et de génie climatique. Toutes ces nouvelles méthodes de construction sont évidemment contraignantes pour les professionnels car ils devront respecter scrupuleusement les normes de six nouveaux indicateurs : le besoin climatique (Bbio), la consommation d’énergie primaire (le Cep), la consommation d’énergie primaire non renouvelable (Cep, nr), l’indice carbone énergie (ICénergie), l’indice carbone construction (ICconstruction) et un indicateur degrés/heures pour le confort en été. On compte donc trois fois plus d’indicateurs importants que la RT2012.

 

Des perdants… et des gagnants

La filière gaz va être dûment atteinte d’une perte globale de 2,95 milliards d’euros et de 8 280 emplois d’ici 2024. La raison est l’abandon du chauffage des chaudières au fioul et à gaz dans les logements neufs, tandis que 100 000 chaudières à gaz étaient jusqu’alors installées chaque année. Ces pertes immenses de profit seront au contraire intégralement récupérées par les filières de l’électricité et particulièrement le secteur des pompes à chaleur. Entre pertes et gains, le coût du changement environnemental sera donc particulièrement cher payé par certains secteurs.

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