Qu’est-ce que l’architecture réversible ? Perspectives d’avenir et fonctionnement !

Les nouveaux enjeux, environnementaux entre autres, qui concernent nos modes de vie imposent aussi au domaine de l’architecture une adaptation. L’architecture réversible se propose alors comme un concept de construction qui privilégierait une parfaite adaptabilité à différents types de besoins, une conversion et une reconversion de l’habitat à moindre coût.

L’architecture réversible, pour répondre à quelles problématiques ?

 

La pollution environnementale

Nos modes de vie quotidiens sont sources intarissables de pollution et compromettent les capacités régénératrices de notre planète, un phénomène dans lequel le secteur du bâtiment a sa part de responsabilité. Devant même le secteur des transports, le bâtiment représente 44% de l’énergie consommée. Nos sociétés énergivores, et c’est un deuxième constat, ont un coût non négligeable, à commencer par un coût financier pour le particulier. Ainsi, en moyenne, les français dépensent 1665 euros par an pour chauffer leur bien immobilier. L’immobilier est aussi au cœur d’autres enjeux qu’environnementaux.

 

La crise du logement

De manière plus pragmatique, on assiste à une vraie crise du logement, avec notamment une certaine pénurie d’habitations. On observe en effet que la tendance est sans conteste à la hausse des prix du logement, une charge que les ménages modestes payent au prix fort puisque les 10% des ménages les plus modestes lui consacrent 40% de leur budget. L’évolution des prix de l’immobilier n’est plus axée sur celle des revenus et un déséquilibre substantiel subsiste. Les écarts se creusent entre les régions, entre zones rurales et urbaines. La crise sanitaire a d’ailleurs renforcé ce phénomène, l’OCDE a en effet enregistré une hausse record de 9,4% des prix de l’immobilier au premier trimestre de 2021. Un nouveau phénomène apparaît alors, qu’on qualifie de ‘sans-abrisme’, qui consiste à sacrifier, au profit de son loyer, une partie de ses dépenses habituelles. Dans le viseur on retrouve les domaines de la culture, des loisirs mais aussi de l’éducation. Les grandes villes portent en leur sein le gros de ce phénomène, et les externalités négatives sont nombreuses. La première d’entre elles est la perte de la proximité d’un nombre très important de travailleurs-clés, poumons économiques des grandes villes, qui n’ont pas les moyens de vivre intra-muros. Les entreprises ont par conséquent beaucoup plus de mal à trouver ces travailleurs ; c’est en grande partie pourquoi le projet du Grand Paris a vu le jour, afin d’adapter les transports à ces nouvelles problématiques.

 

L’architecture réversible, une solution

Ces problématiques hantent le secteur du bâtiment, d’autant que de grands paradoxes se dégagent. En effet, si les logements à prix abordables sont en voie d’extinction, ça n’est pourtant pas la place qui manque. L’espace peut en effet être trouvé dans les millions de mètre carré de bureaux et d’espaces vides, victimes d’obsolescence. Répondant à des valeurs environnementales autant qu’aux problèmes de l’habitat, l’architecture réversible a pour objectif d’engager des travaux de construction sous de nouveaux prismes. Il est alors question de faire des nouvelles constructions de bureaux des espaces qui peuvent se convertir, aisément et à moindre frais, à des fins d’habitation. C’est une toute nouvelle façon de concevoir, encore minoritaire, mais qui saura se faire une place dans l’avenir des professions de l’architecture, de la construction et de l’artisanat.

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L’architecture réversible, son origine et sa direction

 

Les racines du concept

Elle est issue d’une tradition d’écologie politique vieille de plusieurs années. Les grands moments de l’écologie politique définissent en effet déjà depuis longtemps les précautions à mettre en place pour le confort des générations futures, comme lors du Sommet de la Terre à Rio de 1992 et son Agenda 21, un programme d’action pour le 21ème siècle. Était alors précisé la notion de développement durable, dont les recommandations dégageaient une place toute aussi importante à la santé, à la préservation des forêts, à la gestion des ressources qu’au logement. Depuis lors, la performance énergétique est une question centrale dans la construction. L’outil de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) permet d’évaluer les impacts d’un ouvrage de construction sur l’environnement tout du long de son cycle de vie. Chaque projet de construction doit désormais passer par l’édification d’une Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES) qui mesure son impact environnemental et son équipement en ressources, de l’extraction des matériaux à leur assemblage, en passant par leur transport. Un bâtiment est maintenant pensé sous le prisme de son adaptabilité, c’est-à-dire sa capacité à répondre aux besoins d’aujourd’hui et du futur, sa capacité à changer de fonction avec le temps. C’est de cette logique qu’est issue l’architecture réversible : il est nécessaire que toute nouvelle construction soit capable d’évoluer, passant par exemple d’une fonction de bureaux à la fonction de logements sans trop de difficultés.

 

Lutter contre l’obsolescence urbaine

Un autre outil de plus en plus courant, obligatoire pour les grandes structures et les entreprises de plus de 250 salariés, est l’audit énergétique. Il s’agit d’un bilan énergétique d’un bâtiment dans l’éventualité d’entamer des travaux permettant de diminuer ses consommations énergétiques. C’est un outil parmi tant d’autres qui travaille à la formation d’un parc immobilier de bâtiments passifs : des constructions presque autonomes dans leurs besoins en chauffage, leur isolation thermique étant suffisante pour faire du chauffage un appoint. Ce sont autant de mesures qui luttent contre l’obsolescence urbaine et la passivité du parc immobilier. À l’origine de cette situation inévitable se trouve aussi le caractère capricieux du marché immobilier des bureaux, d’autant que celui-ci a subi un sacré coup avec la pandémie mondiale. Les investissements dans les bureaux ont brutalement chuté de 42%, le marché de l’immobilier tertiaire n’a pas connu une aussi mauvaise période en 20 ans. Sa reprise ne devrait d’ailleurs pas être aussi excellente que d’autres domaines dans la mesure où le recours au télétravail s’est généralisé, s’est installé de manière assez pérenne dans nombre d’activités du tertiaire. Les réflexions autour de l’architecture réversible se sont alors imposées avec plus de force.

 

Un espace reconverti pour plusieurs usages

La priorité devient maintenant de construire des plus petites surfaces mais de mieux les exploiter. Les tendances immobilières se sont dessinées autour de la flexibilité, avec des équipements amovibles à adapter en fonction de la taille des équipes et de l’espace nécessaire. La mixité des activités sur une même surface est devenue également un mantra important, à l’image du projet Morland Mixité Capitale : l’ancien site administratif municipal, en plein cœur de Paris, va bientôt se voir entièrement réhabilité pour exploiter son plein potentiel et tout son espace vacant. Il s’agit d’un lieu qui abritera pas moins de 11 usages une fois fini, rassemblant dans un même endroit des habitations, un bar, un restaurant, et même des commerces. Il initie une tendance qui sera sûrement amenée à se répéter et s’amplifier. Son ambition est de réutiliser 60% des matériaux déjà existant dans l’ancien immeuble. L’architecture réversible aura donc pour projet d’augmenter significativement ce pourcentage, évitant même si possible toute destruction, même partielle, du bâtiment à reconvertir. Nombre de bâtiments non occupés ou voués à l’obsolescence sont victimes de leur structure non adaptée. En effet il reviendrait plus cher de les démolir plutôt de les reconvertir.

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L’architecture réversible et l’environnement

 

Une architecture qui s’inscrit dans la RE2020

On voit donc que l’architecture passive et les enjeux environnementaux sont étroitement liés puisque l’architecture passive est un très bon exemple de faire du neuf avec du vieux. Ainsi, depuis le début de l’année, la Réglementation Environnementale (RE2020) est en application et régit ce que sera l’architecture de demain. En effet, le 1er janvier 2021 signait l’entrée en vigueur d’une nouvelle réglementation des bâtiments neufs. Son enjeu central est la diminution drastique des émissions de carbone du bâtiment, un secteur polluant dans la mesure où le cycle de vie d’un bâtiment est de 50 ans : les bâtiments représentent en effet 30% des émissions en CO2 françaises. La construction des nouvelles structures est dès à présent pensée sous le prisme de ce cycle de vie qu’on évoquait plus haut, de telle sorte à ce que, de sa construction à son exploitation, chaque phase de la vie du bâtiment soit la moins polluante possible. La RE2020 impose également de penser dès le départ à la réhabilitation ou la rénovation du bâtiment lorsqu’il sera en fin de vie. L’idée est que l’empreinte carbone du cycle de vie du bâtiment soit la plus minime possible, et ce depuis l’extraction des matériaux. C’est un objectif auquel les résidents et ménages doivent participer, ils ont un rôle non négligeable. La phase de vie d’exploitation d’un bâtiment résidentiel est ainsi essentielle, les habitants doivent s’assurer de rester dans les normes écologiques, et si ce n’est pas le cas, penser à une rénovation énergétique.

 

Un projet d’avenir

Rappelons que cette quête de la diminution de l’empreinte carbone est impérieuse pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces derniers sont naturellement présents dans l’atmosphère pour retenir une part de l’énergie solaire que la terre réfléchit, mais la main de l’homme a provoqué depuis l’ère industrielle une surproduction de ces gaz, qui dérèglent alors le climat. Au fil du temps et de l’inaction, les gaz à effet de serre, qui ont une durée de vie très longue, se sont accumulés de manière irréversible dans l’atmosphère. Il s’agit dès lors de diminuer et d’enrayer le plus possible la croissance de ce phénomène, et procéder à une rénovation énergétique ou à une reconversion de l’immeuble est un pas intelligent dans cette direction. L’architecture réversible semble donc bien un projet d’avenir pour le marché immobilier du neuf, un nouveau chapitre dans l’organisation de nos habitats.

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